Parmi ces pratiques l’on retrouve une forme de démonstration de combats en cercle, qui resserrent les liens entre les opprimés. Sous l’apparence d’une danse, ils se réunissent plus souvent, et mettent au point une technique qui leur permettra parfois de s’échapper sans pour autant attirer l’attention puisque les maîtres n’y voient que du feu, sans accorder la moindre importance à ce rituel, qu’ils jugent tribal et indigne de quelque intérêt.
La capoeira est en train de naître et petit à petit elle intriguera les colons qui ne supporteront pas de laisser cette part de liberté d’expression aux esclaves africains. La répression ne tarde pas à venir , extrêmement violente, mutilant les esclaves qui osent se prêter à cette sorte de cérémonie, jugée diabolique par les colons. Certains maîtres allant jusqu’à tuer leurs esclaves s’ils sont pris en flagrant délit. C’est alors que la capoeira devient cette forme de combat qui peut aider les Africains à fuir véritablement. Au 17e siècle les plus intrépides d’entre eux qui se sont échappés des exploitations agricoles commencent à se regrouper dans des communautés rurales assez isolées que l’on nomme Quilombos, dont le plus connu restera le Quilombo Dos Palmarès dans le nord-est du Brésil rassemblé autour du roi, le Ganga Zumba, où plus de 30.000 personnes se sont réfugiées. Ici, la capoeira devient le symbole de la lutte du peuple afro-brésilien pour la liberté, qui marque la période coloniale.
Au Brésil plus qu’ailleurs, l’esclavagisme ne fut guère passif, et la capoeira en est finalement son expression la plus modérée. Après l’abolition de l’esclavage, la capoeira reste associée à la culture afro qui règne dans certains lieux du Brésil. Ceux qui la pratiquent aujourd’hui sont à la fois des athlètes, des danseurs, des acrobates et des comédiens, car il faut allier tous ces arts pour être parfait dans l’accomplissement de ces mouvements tout en finesse, aérés.
Esthétique et empli de grâce, l’art de la capoeira caractérise, aujourd’hui, à l’instar du football et de la samba, le Brésil culturel, qui ne perd jamais de vue ses origines. Pourtant dans les années 1900 sa pratique est mal vue par les autorités puisqu’attribuée aux malfrats en tout genre se défiant dans des bandes rivales, appelées les maltas de capoeira, et qui finissent souvent par des affrontements sanglants !
Fort heureusement récupérée par le système éducatif pour canaliser la jeunesse, la première école de capoeira est fondée et des entraînements codifiés lui offrent un deuxième souffle la dissociant du banditisme. En 1952, le président Vargas la déclare sport national. Depuis, elle a traversé les frontières pour devenir un art international, qui se pratique dans le monde entier, et rappelle son identité première et la tradition africaine.